Credit: West Africa Trade Hub

Sunday, 28 October 2007

Années paires pour la préparation, années impaires pour le défi

Voilà, je quitte mon job actuel demain (vendredi 9 novembre) et je me prépare à décoller d'Accra. Les derniers événements (circonstances telles que rencontres fortuites) m'ont conforté dans mon sentiment de lassitude pour la vie dans la capitale ghanéenne et le travail de bureau. Je suis satisfaite de mon expérience professionnelle - presque 7 mois - avec le West Africa Trade Hub. J'ai pris conscience de priorités que je veux essayer de privilégier.

Je prévois bien sûr de rentrer en Belgique où se trouvent ma famille et mes amis (belges). Je souhaite revenir en Afrique de l'Ouest pour vivre mon expérience de terrain et voir si j'arrive à développer d'autres aspects de ma personnalité telle que la créativité à travers les arts (écriture, musique...) et cultiver des vertus auxquelles j'accorde de la valeur (humanisme, liberté, solidarité, écologisme, initiative...).

Je rêve d'explorer, en commençant par approfondir ma connaissance de l'Afrique de l'Ouest (Mali, Burkina Faso, Sénégal... Liberia, Côte d'Ivoire ?). Qui aurait cru que les possibilités seraient plus inattendues et nombreuses que prévu ? Pas moi ! Le changement s'annonce favorable dès le départ.

Je dois persévérer sur la voie que j'ai commencé à fouler, d'autant que je me trouve récompensée avant de partir : des gens qui me connaissent depuis peu, par mon travail ou au quotidien, me manifestent les égards les plus gentils à la veille de mon départ.

Avez-vous jamais remarqué que la connotation du mot "départ" comporte une connotation autant, sinon plus, positive que négative ? D'abord, "départ" signifie à la fois qu'on quitte un endroit pour se diriger vers un autre ; "départ" est aussi utilisé dans plusieurs expressions telles que "départ d'une course", "départ sur les chapeaux de roues", "nouveau départ".

Un résumé des dernières années durant lesquelles je me suis attelée à sortir des sentiers "battus" :

Septembre 2003 : diplômée en journalisme de l'Université Libre de Bruxelles

Entre deux : période difficile, de doutes

Octobre 2003-mars 2004 : serveuse au Arno's Manor Hotel à Bristol (Angleterre)

Entre deux : période difficile, de doutes

Septembre 2004-Septembre 2005 : Masters en Développement International à l'Université de Bristol

Entre deux : période difficile, mais espoirs

Janvier 2006 : Stage avec Oxfam Grande-Bretagne au Ghana (hauts et bas)

Décembre 2006-Janvier 2007 : 4 semaines en Belgique

Janvier 2007 : Retour au Ghana, recherche de travail (soutien de "proches" et d'amis)

Avril-Novembre 2007 : Emploi avec le West Africa Trade Hub, basé à Accra (expérience enrichissante & rencontres intéressantes et variées)

Fin 2007 : retour en Belgique (vacances méritées - prolongées ?)

Prévisions pour 2008 : nouvelle direction et destination

Le livre de numérologie d'un ami indique que le chiffre 1 (par exemple, 2008 = 2+0+0+8 = 10 = 1+0 = 1) invite à suivre ses désirs plutôt que ses craintes, tandis que le 2 (par exemple, 2009 = 2+0+0+9 = 2+9 = 11 = 1+1 = 2) incite à avoir le courage et la foi : "vos prières se manifestent même si elles ne sont pas encore visibles".

En somme, le '2' symbolise la préparation pour l'action représentée par le '1'. Cette combinaison rejoint le principe de yin et yang, notion de complémentarité que l'on peut retrouver dans tous les aspects de la vie et de l'univers.

Tuesday, 9 October 2007

La Chronique d’Elodie

L’Importance de l’Imaginaire dans l’Existence

Parmi mes nombreuses expériences depuis que je suis en Afrique, j’ai vécu deux phénomènes qui me subjugent subitement. L’année dernière, j’ai à maintes reprises éprouvé des moments précédant l’endormissement, quand, les yeux fermés, je percevais des images se formant dans mon esprit en l’absence de stimuli extérieurs et involontairement.

J’attribue l’événement au fait que je n’avais pas de télévision et que faute de ce médium véhiculant des images et des sons, je me suis inconsciemment recréé l’outil auquel je suis habituée avec mes propres moyens : la pensée. Les images évoquées étaient celles de choses que je connaissais, tels que des vêtements, objets qui devaient certainement également me manquer d’une manière ou d’une autre.

Une différence majeure entre l’humain et l’animal, m’a appris un professeur de l’Université Libre de Bruxelles, est la capacité du premier à se référer à une chose ou une personne qui est absente – d’où le développement de notre communication – alors que le second ne le peut pas.
Réfléchissez à ces instants où, alors que vous êtes seul, vous adressez la parole à une personne, connue dans de nombreux cas, mais qui n’est pas présente à ce moment-là.
J’ai récemment regardé un programme télévisé de la British Broadcasting Corporation (BBC). Il s’agissait d’un documentaire sur les origines de l’art dans lequel l’auteur datait la naissance à la Préhistoire. Qu’est-ce qui caractérise l’art ? La création, elle-même pouvant se définir comme l’expression d’une pensée via un médium, soit un moyen d’expression, le processus résultant en un produit de l’esprit.
Pour étayer sa thèse, le journaliste visitait les grottes abritant des dessins rupestres. En France je crois. Il cherchait à démontrer qu’au lieu de reproduire directement par exemple un animal, les hommes d’autrefois peignaient ce qu’ils connaissaient et avaient vu dans leur environnement par le souvenir, donc grâce à une capacité mentale de se former l’idée de quelque chose d’absent.

L’argument principal du documentaire résidait en ce que les tâches parsemant les animaux représentés sur les parois ne pouvaient orner le pelage des créatures de l’époque au lieu où l’on avait découvert les peintures. Or, des expériences scientifiques contemporaines rapportées par le journaliste montrent que des tâches apparaissent dans la vision lorsque l’on se trouve dans certaines conditions. Qui ne se souvient pas avoir éprouvé pareille sensation quand pris de vertige.

Donc, l’artiste qui décorait les parois des cavernes subissait une sorte d’hypnotisme. Dès l’instant où il pénétrait dans la grotte, même après la découverte du feu, il se trouvait plongé dans l’obscurité et privé de la lumière du jour, qu’avait baigné ses yeux auparavant, sa vision s’obscurcissait.

Cette expérience m’est arrivée à moi aussi pas plus tard qu’hier : après être allée saluer un ami dehors je suis rentrée brusquement dans ma chambre ; il m’a fallu près de trente secondes pour me réhabituer à l’assombrissement de la pièce tandis que ma vision se brouillait de gros points noirs.

Beaucoup de déductions et de questions découlent de cette constatation. La première affirmation est que les humains, êtres créateurs, ont besoin d’imaginaire pour s’épanouir en donnant un sens à ce qui les entoure. L’art, sous toutes ses formes, contribue à modeler et communiquer les significations. La télévision contemporaine ne constitue en fin de compte que la lointaine descendante des peintures rupestres. Est-ce que celle-la ne va pas finir par tuer le talent de pensée et d’expression de la majorité en lui vendant des images préfabriquées ?

Une question que je pose est "dans quelle mesure le concept de Dieu dépend de la faculté des hommes à imaginer, concevoir et inventer, raconter ?". Si les mythes sont de pures créations humaines, bien que proches de la réalité, qu’en est-il de la Bible, du Coran, des dieux, etc. ?

Ma conclusion est qu’il faut croire en l’être humain, dans ses capacités et potentialités. Le divin semble en émaner. Malheureusement, les humains invoquent des idéologies et des dogmes pour combattre leurs semblables. Au nom de causes "dérisoires", ils tuent, pillent et détruisent l’environnement qui non seulement nourrit l’estomac mais aussi l’imaginaire.

Enfin, je pense que je réussis à cerner les défis qui peuvent expliquer ma tendance à la déprime et la solitude, symptômes intriqués. Les conditions de la modernité, telle qu’une carrière professionnelle, semblent réduire le temps alloué à la création ; la société valorise moins l’art que l’argent en soumettant le premier au second. La solitude a du bon en ce qu’elle aide à préserver mon imaginaire, le reste se résumant trop souvent à de la distraction.

Saturday, 6 October 2007

The Bristol Club

I recall these times when I did not know what to make with my life. The sole solution was to leave home and go to another place in another country. I chose England to speak English. I ended up in Bristol working in a hotel, the Arno’s Manor Hotel on
Bath Road
.
After that experience, I went to study at Bristol University a Master’s Degree in International Development. My next step was to start my professional occupation in the developing world. Now I am in Ghana and get to travel around West Africa.
But more than that, I began a long journey inside myself. That also impacts on the outside. I remembered what a lady at the University of Brussels (1999-2003) told me. I was with a roommate, Elvire of Cameroon’s origin, at the gym when we met the person. She talked to us about her brother. When he was a child he got through a kind of trauma because his parents used to put him on the toilet and wait for him to defecate. After a while, his intestines had gone down and they had to operate him. We all go through some kind of trauma and there is each time an opportunity for change to the better.
The lady said she knew how to tell the future of someone – sort of fortune teller – by looking at the person’s face. She did it with me and saw that I would be traveling a lot but in a small space, which she compared to be a car. This story I only remembered it last year while traveling in a tro-tro towards Mole Park in Northern Ghana.
This year I believe that the transport means is futile for some journeys. Most meaningful is the travel process inside me and what stimulates it. Of course, I still like traveling by road and sightseeing but without the inspiration from inside and outside, spurred by others and the world surrounding me, I would not be able to connect to the essential: life and love that feeds thoughts.
Why am I entitling this post ‘Bristol Club’? It is because I recently met a Ghanaian, Nii – meaning king, who just came back from Bristol. I think we are on the same wavelength. So were some people I made friends with in Bristol: among them, Pascal, Andrew. All men… In Accra, there is also Gigi – only woman so far – to make me think in a different way and who value me enough to make me feel good. I learn with them.
Last night, I met Christina through Nii: a pretty Spanish young woman who spent time in Bristol and took the city as her home. She plans to go back for New Year. She now teaches at the University of Ghana. The world is small and wherever you go you can feel the same as at home. Of course, I do not often find living far from Belgium easy but I would not give up the opportunity I have to know better myself and others because of these difficulties. And I will not probably feel better if I went back to my old routine because I have moved on since then. I believe I changed. I started working and living alone. I am in the process of building my life on a solid basis which is different from material and breakable because it is inner and spiritual.

Friday, 5 October 2007

Controverse autour du discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, juillet 2007

Controverse suite au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, juillet 2007

« Sarko s’improvise philosophe-ethnologue-sociologue et que sais-je encore ? »

La plus grande méprise commise par le Président des Français est sans doute la négation de sa propre prémisse (« Faites ce que je dis pas ce que je fais »). Il énonce ne pas vouloir ressasser le passé mais consacre la plus grande partie, voire la totalité des son élocution, à étaler l’histoire commune et particulière à l’Afrique et l’Europe, maintient que les Africains sont si différents les uns des autres mais ne cesse de les amalgamer.

Son discours n’est rien d’autre qu’une énumération de clichés sans fond (démagogie - ce n'est pas sans sous-estimer les Africains), échouant à livrer une conclusion qui puisse satisfaire ou rassurer les jeunes sur l’avenir de leur continent face aux défis d'aujourd'hui et de demain.

Sarko déplore le « (…) matérialisme et (…) l’individualisme qui asservissent l’homme moderne (…) » alors qu’il est lui-même le produit de ces courants de pensée, le prototype même du capitalisme !

Sarko démontre grâce à son argumentation sa méconnaissance de l’Afrique, qu’il a étudiée semble-t-il dans les livres et approchée par l’intermédiaire de personnes dans son entourage mais n’y a pas vécu assez longtemps, ni n’a côtoyé assez de ses ressortissants pour l’apprécier à sa juste valeur. S'il l'aime tant qu'il veuille le prononcer qu'il y reste !

Prétendre connaître l'Afrique suffisamment pour s'adresser à ses jeunes paraît tout au plus illusoire. Un seul pays d’Afrique, tel que le Ghana, pour une Européenne – petite Belge – comme moi reste un mystère à son coeur désireux de l’aimer du mieux possible. Je serais imprudente d'avancer qu’un discours comme celui de Sarko serait peut-être passé comme une lettre à la poste pour mes amis ghanéens, mais avec des exceptions…

La colonisation encore taboue et son instrumentalisation à des fins politiques

Sarkozy nous dit que « la colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique. » Cependant, la mondialisation peut se retracer dès les premières « explorations » des navigateurs et les « conquêtes » indissociables. La colonisation est l’une des expressions les plus limpides de la tentation de domination – donc d’asservissement et de corruption – humaine.

En gardant à l’esprit l’instauration d’un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement, il est facile de comprendre l’intention derrière les mots du Président, qui dit aux Africains de rester chez eux, que ça va aller, qu’il faut garder espoir, qu’ils sont géniaux et que tout ce dont ils ont besoin se trouve chez eux. Or, les citoyens du monde ont égalitairement le droit de se déplacer, de vivre, d’étudier, de travailler, de se marier et de s’installer dans le pays de leur choix. Je n’invente rien. C’est dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – enfin « de l’homme blanc » selon les individus lucides.

A l’heure des régionalisations, de l’Europe, comment rationaliser le discours du Président ?

Et si Sarko se posait en dictateur pour l’Afrique ?

Quel est le message que véhicule le discours de Sarko ? Il semble insister que l’Afrique entière soit intrinsèquement liée à la France et par extension l’Europe. Cela pousse à croire que le nationalisme et le chauvinisme triomphent en France davantage que le pacifisme et la bienveillance envers les autres peuples. C’est se leurrer en faisant fi de l’importance croissante d’autres influences sur le continent et dans le monde. En Afrique de l’Ouest, la culture anglo-saxonne a prit le pas. Les Libanais sont présents dans tous les pays, les Indiens sont aussi bien implantés, les Chinois sont arrivés en nombre et j’en passe. Tous, Africains en premier, accomplissent leurs affaires quotidiennes sans se préoccuper de ce que veut ou pense la France.

En conclusion, loin de la promesse d’innover la politique française, Sarkozy remet le vieux au goût du jour sans parvenir à plaire mais en tentant d’utiliser l’histoire à son avantage. Rappel de propagande. C’est qu’il a du chemin à faire pour changer l’avis de beaucoup qui jugent ses paroles et actes en vertu du passé!!! Qui aurait tort de les blâmer...

PS : Pourquoi s’acharner autant sur le terme « pureté » ? N’y aurait-il pas mieux valu employer le terme « purisme » ? Cette manière étriquée de parler manifeste justement ce que l'un décrie.